Voici quelques unes de mes lectures, parmi celles qui m’inspirent et qui ont donc une place de choix dans ma bibliothèque.
La photographie, art paradoxal placé à la fois aux frontières et au centre de l’art, mérite quelques réflexions. Elle relève de la pensée par les formes, différentes de l’autre pensée, la pensée par les idées. Considérer l’objet photographique selon une perspective différente, celle du silence des formes, ouvre un champ fécond à la réflexion.
Décrire ou penser la photographie ? Telle est la question introductive à cet essai, qui se conçoit plus comme un dictionnaire à l’usage des jeunes photographes que comme un manuel à portée conceptuelle. La force de cet essai est sa transversalité. Il aborde l’histoire de la photographie, la sémiologie de l’image, l’éthique et l’esthétique, les catégories de la photographie contemporaine, analyse les grands thèmes abordés par la photographie aujourd’hui, du documentaire à la photographie plasticienne. La pratique photographique elle-même est également considérée. Ce livre concentre tout ce que l’on doit savoir sur la photographie lorsqu’on l’étudie ou la pratique aujourd’hui.
Ce “petit précis pour les nouveaux post-photographes” entérine la dématérialisation de l’image et de son auteur, et dissout les notions d’originalité et de propriété, de vérité et de mémoire. Joan Fontcuberta nous donne l’occasion d’actualiser notre réflexion sur des questions qui touchent à la culture, à l’art, à la communication et, en somme, à la condition humaine elle-même.
Qu’est-ce que la photographie expérimentale ? C’est un champ peu étudié et un concept peu défini dans l’histoire de la photographie contemporaine. L’auteur présente les travaux d’une centaine de photographes expérimentaux et, pour les caractériser, s’appuie en particulier sur les thèses du philosophe brésilien Vilém Flusser : des photographes jouant contre les appareils, ne respectant pas les règles et perturbant le bon fonctionnement de l’apparatus photographique en en modifiant les paramètres établis. Ainsi, certains artistes enfreignent les règles de production de l’image en jouant avec le temps, avec la lumière, avec la chimie du développement ou avec le tirage, ou en réinventant l’appareil photographique. D’autres se démarquent du dispositif en déconstruisant l’appareil, en n’utilisant pas d’objectif (camera obscura), parfois pas d’appareil du tout (photogramme), ou en défaisant la matière photographique. D’autres enfin déplacent l’auteur-photographe, en l’effaçant ou en incluant leur propre corps dans le geste photographique. La photographie expérimentale contemporaine ne constitue pas à proprement parler une école ou un mouvement, mais simplement un courant, un moment entre le déclin de la photographie analogique documentaire traditionnelle et l’avènement de la photographie numérique à la fin du XXe siècle et au début du XXie siècle.
En 1790, Kant introduit l’art des jardins dans les Beaux-Arts et les scènes de la nature déchaînée dans la philosophie. La même année, Wordsworth lit les signes de la révolution sur les routes et les rivières de la campagne française tandis que Burke dénonce ces révolutionnaires niveleurs qui appliquent à la société la symétrie des jardins à la française. Le paysage est ainsi bien plus qu’un spectacle qui charme les yeux ou élève l’âme. Il est une forme d’unité de la diversité sensible qui bouleverse les règles de l’art et métaphorise l’harmonie ou le désordre des communautés humaines. À travers un siècle de débats sur l’art du paysage, Jacques Rancière poursuit son enquête sur cette révolution des formes de l’expérience sensible qui unit et excède les bouleversements de l’esthétique et ceux de la politique.
Il y a le paysage décor, marchandise esthétique. Et il y a l’autre, le paysage profond, essentiel, nécessaire. Un paysage certes reflet et dépôt des dégradations que lui inflige l’activité humaine ; mais néanmoins, dans le même temps, miroir d’aspirations, de pratiques et de désirs pour l’habitabilité du monde. Les signes se multiplient aujourd’hui de nouveaux rapports à la campagne et à la ville. Des formes de vie différentes cherchent à s’expérimenter, des géographies alternatives apparaissent, ouvrant des horizons nouveaux à la pensée du paysage et à sa conception.
C’est de ce contexte et de ces perspectives que ce livre et la collection éponyme qu’il inaugure entendent témoigner, dans une démarche résolument pluridisciplinaire.
A ce premier opus d’une série de monographies et d’essais théoriques, il revient d’établir que le paysage est une donnée constitutive et ineffaçable de l’existence humaine ; qu’il en est une condition, une absolue nécessité.
Cette enquête philosophique sur l’élaboration, pour nous Occidentaux, de la notion de paysage, part d’un constat surprenant : « c’est qu’il n’y a, chez les Grecs anciens, ni mot ni chose ressemblant de près ou de loin à ce que nous appelons paysage. » Le paysage délimite un cadre de vision. Mais quel « travail » faisons-nous quand nous « voyons » un paysage ?
August Sander (1876-1964), Walker Evans (1903-1975) : ils ont produit quelques-unes des icônes du XXe siècle tout en prétendant n’y être pour rien. Le « style documentaire » (la formule est d’Evans, 1935) relève du paradoxe. Par quel miracle ces photographes qui présentent leurs œuvres comme des duplications du monde, de purs reflets, qui assurent que c’est le motif qui fait la photo, que c’est le modèle qui dicte l’image, par quel miracle ces réductionnistes, ces objectivistes ont-ils non seulement engendré une suite infinie de disciples, mais aussi fourni les témoignages les plus durables sur l’Allemagne de Weimar (Sander) et sur l’Amérique de la Dépression (Evans) ?
Olivier Lugon a consacré plusieurs années au « style documentaire », tant aux Etats-Unis qu’en Allemagne. Il a travaillé à Berlin et à Cologne (en particulier sur le fonds Sander), dépouillé à Washington les archives de la FSA (Farm Security Administration), interrogé les survivants. Il a lu les périodiques, les correspondances, les catalogues, les livres de l’entre-deux-guerres. Il a rassemblé une masse d’informations sans équivalent. Le paradoxe du « style documentaire » ne pouvait s’éclairer que par le contexte institutionnel, esthétique et politique de la période. Il fallait reprendre de fond en comble l’histoire de la photographie entre 1920 et 1945. Olivier Lugon nous décrit le rôle et l’accrochage des grandes expositions internationales en Allemagne, l’activité des premières galeries, les fluctuations de la FSA pendant le New Deal, les rapports de Sander avec le groupe des Artistes progressistes de Cologne.
Né en 1962, professeur à l’université de Lausanne (section d’histoire et esthétique du cinéma), Olivier Lugon a publié La Photographie en Allemagne, anthologie de textes (1919-1939) aux éditions Jacqueline Chambon (1997) et, avec Laurent Guido, Fixe/animé – Croisements de la photographie et du cinéma au XXe siècle aux éditions L’Âge d’Homme (2010). Il vit à Lausanne et à Berlin.
À la fois art et langage universel, la photographie possède une capacité extraordinaire à connecter, à communiquer avec les autres. Mais alors que plus de mille milliards de photos sont prises chaque année, pourquoi si peu créent-elles une vraie connexion ? Pourquoi si peu saisissent-elles nos émotions et notre imagination ? Ce n’est pas une question de mise au point ou d’exposition ; à notre époque, les avancées technologiques nous facilitent grandement la tâche en la matière. Pour le photographe canadien David duChemin, la majorité des photos échouent par manque d’âme. Sans âme, elles ne peuvent faire vibrer leur audience, elles ne peuvent se connecter à l’observateur, ni même – soyons honnêtes – à leur propre auteur.
Dans cet ouvrage, David duChemin nous fait partager sa vision et sa pratique pour nous pousser à la réflexion et nous accompagner dans la réalisation d’images plus vraies. Illustrés par de superbes photographies en noir et blanc, les chapitres évoquent le savoir-faire, la maîtrise, la vision, l’audience, la discipline, l’histoire et l’authenticité.
Ce livre personnel et profondément pragmatique nous invite à nous détourner de nos boîtiers, de nos objectifs et de leurs réglages ; c’est le photographe et non l’appareil qui peut et doit apprendre à faire de meilleures images – des photographies qui communiquent une vision, qui racontent une histoire, qui se connectent aux autres et qui portent en leur coeur notre humanité. L’âme d’une image nous guide sur cette voie.
Entre la réalité et nos yeux, toujours du vocabulaire s’interpose : nous croyons voir mais ne faisons que lire. D’ailleurs le regard en lui-même n’est pas cet instrument d’information et de constat qu’il nous semble : il n’est pas qu’un aller et retour, c’est un espace, un espace sensible qui s’emplit du sentiment d’un toucher visuel. Le Journal du regard est donc un travail sur le regard, que l’auteur a commencé en 1970, la peinture y est souvent présente, la question toujours relancée est : que voit-on quand on voit ? Qu’est-ce que le regard ? Qu’est-ce que le visible ?
La légitimité culturelle et artistique de la photographie est récente. Longtemps tenue pour un simple outil dont on se sert, elle est désormais, dans les galeries et les musées, contemplée pour elle-même. Apparue avec l’essor des métropoles et de l’économie monétaire, l’industrialisation et la démocratie, elle fut d’abord l’image de la société marchande, la mieux à même de la documenter et d’actualiser ses valeurs. Mais si elle convenait à la société industrielle moderne, elle répond aujourd’hui difficilement aux besoins d’une société de l’information, fondée sur les réseaux numériques. La photographie est donc l’objet de ce livre : dans sa pluralité et ses devenirs, du document à l’art contemporain ; dans son historicité, depuis son apparition, au milieu du XIXe siècle, jusqu’à l’alliage présent » Art-photographie » qui conduit André Rouillé à distinguer » l’art des photographes » de » la photographie des artistes « .
Guillaume Geneste est le créateur du laboratoire La Chambre Noire à Paris. L’un des derniers tireurs argentique en France et le compagnon de route de nombreux photographes… Dans ce livre, il nous livre ses réflexions sur le travail de tireur, sur les relations qu’il entretient avec l’artiste photographe, sur l’avenir de ce métier. Réflexions, anecdotes et entretiens avec de grands noms de la photographie internationale (Ralph Gibson, Duane Michals, Sid Kaplan ou Howard Greenberg…), tout autant que des photographes français jeunes ou plus anciens (Arnaud Claass, Gabrielle Duplantier, Valérie Belin, Jo Terrien…), nous font entrer dans les coulisses du métier de tireur.
L’occasion de recroiser le chemin et les photographies de Jacques Henri Lartigue, Klavdij Sluban, Denis Roche, Bernard Plossu, Henri Cartier-Bresson, Martine Franck, Pierre de Fenoÿl, Sabine Weiss, Anne-Lise Broyer et tant d’autres encore…
Un livre sans précédent, ni technique, ni théorique, mais un livre de passion et d’émotion qui fera référence sur le sujet.
Tirage par insolation, papier salé, virages, sténopés, cyanotypes, gomme bichromatée… Quel photographe ou artiste visuel n’a pas rêvé un jour de s’initier à ces techniques ancestrales, par curiosité, souci créatif ou goût de l’innovation ? Ce livre pratique propose d’explorer par le menu des dizaines de ces techniques pour étendre son champ créatif.
Ce livre propose aux artistes visuels une approche actualisée de techniques photographiques ancestrales. Peintres, tireurs ou photographes y trouveront matière à inspiration pour innover dans leur pratique, sans connaissances préalables nécessaires en matière de chimie, de technique photographique ou numérique. Faciles à tester en laboratoire ou en studio, les méthodes de ce livre sont décrites de façon très détaillée et pratique. Vous pourrez ainsi expérimenter des techniques telles que le tirage par insolation, le papier salé, le sténopé, les virages, les cyanotypes ou la gomme bichromatée.